Le 4 novembre 2024, plusieurs porteurs de projet, paysans, paysannes et animatrices de réseaux d’AMAP se sont retrouvés le temps d’une visio d’1h30. Ce moment d’échange aura permis de se retrouver collectivement pour partager pratiques et questionnements autour du thème de la livraison en AMAP.
Témoignage d’une éleveuse
Cet atelier a été amorcé par le témoignage de Carole, installée dans le Vaucluse depuis 20 ans. Elle possède un atelier de poules pondeuses (plus de 500) et de volailles de chair (6000 à 7000). Elle travaille en agriculture biologique depuis plus de 10 ans et fait du 100% circuit court entre la vente en AMAP et dans les marchés deux fois par semaine. Elle est épaulée par sa fille et une salariée à mi-temps.
Carole nous explique qu’elle livre 3 AMAP deux fois par semaine avec des contrats œuf, volaille et conserve. Depuis le Covid elle mettait ses œufs en boite pour les livraisons mais cela prenait beaucoup de temps de préparation, sans compter le coût de la boîte, le stockage, le triage des boîtes cassées, etc. Elle a décidé de ne pas augmenter le prix de ses boîtes d’œufs mais a plutôt réduit son temps de travail en apportant désormais ses œufs sur une plaque. Pour ses volailles elle tourne une semaine sur deux entre ses AMAP pour ne pas avoir trop d’abatage à faire. Elle emmène ensuite ses volailles dans sa glacière : ses AMAP étant à moins de 10 km cela ne pose pas de problème pour le respect de la chaine du froid.
Organisation pendant la livraison
A chacun sa manière d’organiser sa distribution en AMAP, toutefois certains grands principes subsistent. Pour Pélagie, maraichère, elle fait le point chaque lundi avec sa référente sur le nombre de paniers à livrer pour faire sa récolte en conséquence. Le jour J, les amapien·nes l’aident à décharger les caisses quand elle arrive. La distribution a été mise en place par les amapien·nes qui sont là pour la pesée des légumes (dans une autre de ses AMAP, ce sont les amapien·nes qui le font eux-mêmes) et cocher les adhérent·es sur la liste une fois le panier récupéré. Si un·e amapien·ne ne prend pas son panier il peut être stocké ou bien partir dans une association. Il y a toujours un coup de main à la fin pour remplir les camions avec les caisses vides.
Des difficultés peuvent parfois émerger pour les paysan·nes lors de la distribution. C’est le cas de Zoé qui constate que certains amapien·nes font mal la pesée et donnent plus de légumes à certaines personnes. Comment faire alors ? Pour tenter de résoudre ce problème, Zoé a opté pour la pédagogie : elle réexplique en début de distribution que si la pesée est mal faite certaines personnes auront moins de légumes dans leur panier. Désormais, la personne en charge de la pesée est également la dernière personne à prendre son panier, ce qui la responsabilise en cas d’erreur.
Livraison hors production maraichère
Mis à part celles et ceux qui sont en production maraichère, les paysan·nes sont souvent moins présents aux livraisons. D’où l’importance de mettre en place d’autres outils de communication pour qu’un lien soit maintenu avec les amapien·nes et que des tensions ne se créent pas. Des temps festifs ou sur la ferme peuvent par exemple être proposés.
Livraisons le même soir
Certains paysan·nes font le choix d’effectuer plusieurs livraisons le même soir. C’est le cas d’une maraichère en Ile-de-France : une semaine sur deux elle va livrer sa première AMAP, puis aller à la seconde pour participer à la distribution. D’autres paysan·nes arrivent à assister à deux distributions le même soir en ayant réduit le temps (une heure pour chacune) « mais cela implique qu’il n’y ait pas les mêmes horaires de distribution et que les AMAP ne soient pas très loin » explique Lucie.
Quel rôle du/de la paysan·ne pendant la distribution ?
Pour Valérie, le rôle du/de la paysan·ne est « la valorisation et la communication autour de ses produits, une valeur de conseil et aider à ce que les consomm’acteurs soient responsables pour comprendre ce que cela implique d’avoir tel ou tel produit sur la table ». Pour elle, les moments festifs sont aussi l’occasion d’avoir des éclairages sur différents aspects (ex : comment l’eau est gérée par les paysan·nes), d’échanger sur comment sont produites les choses, quelles sont les difficultés rencontrées… « Et aussi les réussites ! » souligne Pélagie avant d’ajouter que les paysan·nes peuvent aussi se charger de donner des conseils de recettes.
Denis évoque quant à lui le fait de parler de la vie à la ferme, de prendre part (ou pas) à l’organisation d’évènements festifs, de participer au bureau de l’AMAP, de partager un moment convivial lors des distributions… « Il y a une dimension d’éducation populaire à l’AMAP » explique-t-il.
En conclusion
Ce temps s’est conclu par une récolte de retours et d’idées sur ce cycle d’échanges qui s’achève afin de préparer celui de 2025. Si vous êtes paysan·ne ou porteur·se de projet, vous pouvez vous aussi nous indiquer vos propositions de thèmes et de format pour l’année prochaine en remplissant le formulaire suivant : https://framaforms.org/vos-retours-sur-les-ateliers-entre-paysannes-2024-1729514941