Les AMAP, soutien de l’agriculture biologique

Le mouvement des AMAP fait pleinement partie des composantes de l’agriculture biologique. Si dans les principes de base énoncés dans notre Charte de 2014, il n’est pas mentionné l’exigence d’une certification par des organismes tiers, il est stipulé que les AMAP se réfèrent aux fondamentaux de l’agriculture biologique. Ceci pour laisser la porte ouverte au soutien à des paysannes et paysans en conversion, à des porteur·ses de projet en bio, aux mentions Nature et Progrès et Biodynamie. Notre Charte des AMAP confie à chaque AMAP et à chaque amapien·ne la responsabilité de veiller au respect de ses principes fondamentaux.

Depuis 24 ans les AMAP soutiennent l’agriculture paysanne et biologique au travers des pratiques agronomiques de leurs paysan·nes pour préserver la fertilité des sols, économiser l’eau, développer la biodiversité et produire une alimentation saine et durable pour les humains et les animaux.

Les AMAP sont un des plus nombreux points de vente en circuit court en France et sont le seul modèle citoyen sans aucun intermédiaire qui inscrit un lien solidaire entre mangeur·ses et paysan·nes1. Pendant que les années 2021, 2022 et 2023 voyaient des fermes en bio se dé-convertir et vendre en circuits conventionnels2, le nombre de circuits-courts continuaient d’augmenter3.

Si certaines AMAP ont des difficultés à trouver le nombre d’adhérent·es nécessaires à l’équilibre de leurs partenariats, si certaines AMAP disparaissent, d’autres se créent dans les réseaux régionaux constitués membres du MIRAMAP grâce à des formations, des rencontres, des mutualisations d’outils et de savoir-faire qui renforcent notre mouvement. Alors ne baissons pas les bras devant l’adversité du moment et les attaques tous azimuts contre l’agriculture biologique (tentative de suppression de l’Agence Bio, suppression des aides au maintien en bio, non-reconnaissance des services environnementaux de la bio, etc).

Les scientifiques et nos observations sur le terrain montrent l’augmentation des dérèglements climatiques et l’effondrement de la biodiversité et nous savons que plus de pesticides, plus de drones, plus d’OGM perpétuent la destruction les sols et du vivant dans et autour des champs. Les AMAP se sont créées partout parce que nous savons qu’il est plus durable de conserver tous les organismes du sol pour y garder la matière organique qui va nourrir les plantes et stocker l’eau de pluie, qu’il est plus agronomique de créer les conditions d’accueil des insectes, des oiseaux et chauve-souris pour réguler les invasions d’agresseurs des plantes… Nous avons pris conscience des liens entre la consommation alimentaire et la santé, entre notre engagement de pré-paiement de la production et la vie et le revenu digne du travail paysan, entre nos pratiques agro-écologiques et la protection de la biodiversité et de l’environnement.

Continuons à prendre notre part, continuons à développer, organiser, débattre, expérimenter, créer dans nos AMAP. Et aussi dans nos collectivités locales pour avoir plus de poids dans l’intérêt général.

Notre mouvement a permis et permet toujours d’installer de nouveaux paysan·nes, de mobiliser du foncier avec nos amis de Terre de Liens, de faire vivre les semences paysannes, de renouer le lien perdu entre mangeur·ses et producteur·rices, d’informer et de changer nos habitudes alimentaires. Amplifier ces objectifs en œuvrant au niveau des communes, inter-co et régions permet d’installer encore plus de paysan·nes en bio dans des fermes communales, par exemple, pour l’approvisionnement sécurisé des cantines scolaires et des Ehpad. Certains d’entre nous participent à créer des Maisons de l’Alimentation, des conseils de l’alimentation municipaux afin qu’agriculture et alimentation saine et durable soit liées et décidées localement dans un débat démocratique.

Plus globalement encore nous affirmons avec l’Appel de Lorient4 : « À l’heure où pleuvent les restrictions budgétaires et les régressions législatives, nous l’affirmons :  la bio coûte moins cher à la société que l’agriculture industrielle avec ses coûts cachés démesurés, car elle ne nécessite pas la dépollution des eaux, des terres, elle ne rend pas les populations malades, elle ne nous prive pas de la Nature qui nous rend tant de services écosystémiques et environnementaux… et nous procure tant de beauté. »

Participons à des alliances à tous les niveaux pour exiger des paiements pour services rendus à l’environnement et à la santé publique pour les fermes en bio ; pour exiger un nouveau cadre de la commande publique pour les achats locaux et bio ; pour exiger la présence citoyenne dans les SAFER, CDPNAF et un autre mode de scrutin dans les chambres d’agriculture.

Dans un contexte de crise du bio, de tassement de la demande, les AMAP représentent un soutien sans faille à la filière. De nombreuses fermes bio qui vendent en direct sur les marchés et dans les magasins et qui ont vu leurs ventes diminuer se posent désormais la question de rejoindre le système des AMAP. Le travail d’éducation populaire effectué dans les AMAP permet de garder les personnes dans la consommation bio alors que sur les marchés, ils sont plus sujet au « zapping » de notre société de consommation qui les incite à aller voir tantôt un bio, tantôt un producteur local non bio, puis un revendeur qui fait de bons prix. C’est en informant les personnes, comme nous le faisons chaque semaine, pour qu’ils soient plus conscient·es des enjeux derrière leur alimentation que nous assurerons une demande stable pour les producteur·rices bio. C’est tout le sens des AMAP.

Sources :

  1. https://obsat.org/?DistribCCP ↩︎
  2. https://www.rmt-alimentation-locale.org/ ↩︎
  3. https://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/observatoire-de-la-consommation-bio/ ↩︎
  4. https://bioconsomacteurs.org/articles/societe/appel-de-lorient-la-bio-pour-la-vie/ ↩︎
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