HISTORIQUE DES AMAP & DES RÉSEAUX D’AMAP

Un mouvement aux racines multiples

A la fin des années 1990, les scandales sanitaires se succèdent, dont celui de la vache folle, et la confiance dans notre système alimentaire est largement ébranlée. La « malbouffe » et les OGM sont pointés du doigt, des militants de la Confédération Paysanne “démontent” le McDonald’s de Millau le 12 août 1999. Il faut dire qu’en moins de 50 ans, l’agriculture industrielle a causé des dommages catastrophiques : disparition massive des paysans et des terres agricoles, appauvrissement des sols, perte de biodiversité, production d’une alimentation de faible qualité nutritionnelle contenant des pesticides, augmentation des maladies, etc.

C’est pourquoi la contestation du modèle agricole conventionnel et dominant n’a jamais cessé. Dès les années 1960, des alternatives en lien avec des consommateurs ont émergé dans différentes parties du monde. Les TEIKEI au Japon furent les précurseurs des AMAP. Des femmes, pour échapper aux produits alimentaires pollués, se sont organisées pour acheter par avance et en direct la récolte de paysan·nes engagé·es à leur fournir des aliments cultivés sans produits chimiques. Dans les années 1980, ce concept a traversé l’Europe en passant par la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche et s’est constitué aux Etats-Unis en « Community Supported Agriculture » (CSA).

En France, dès 1991, les Jardins de Cocagne, ont proposé des paniers de légumes bio, cultivés par des personnes en insertion. Et d’autres expériences locales ont été initiées un peu partout autour de paniers paysans. La Confédération Paysanne, née en 1987 pour opérer une double rupture, contre le mythe de l’unité du monde paysan et contre le productivisme, formule un projet de société : l’Agriculture Paysanne. Cela se traduira notamment dans la charte de l’Agriculture Paysanne, l’une des bases de la Charte des AMAP. De son côté, Nature et Progrès contribue depuis 1964 à développer les méthodes de l’agriculture biologique et surtout des valeurs d’une bio associative et solidaire qui les amènera à créer un “Système Participatif de Garantie” (SPG). Sans oublier l’association Alliance Paysans-Ecologistes-Consommateurs (Alliance PEC), qui est créée en 1991 afin de lutter pour une autre Politique Agricole Commune (PAC) et qui apportera un soutien important à la création des AMAP et réseaux d’AMAP.

Nous sommes les héritiers de ces nombreuses luttes et contestations des années 1980-90. Le Mouvement des AMAP puise son origine dans ce creuset d’initiatives et d’influences multiples, pour une agriculture paysanne, ancrée dans les territoires et en lien avec les habitant·es.

De l’émergence des AMAP à notre dynamique de mouvement

Le 4 février 2001 à Aubagne lors d’un débat sur la “malbouffe” organisé, entre autres, par ATTAC auquel participent des paysan·nes de la Confédération Paysanne, un couple de paysans, Denise et Daniel Vuillon, et une trentaine de familles décident de tenter l’expérience d’une AMAP. Le pari est de lancer un mouvement solidaire sur une base simple à essaimer : un contrat entre un paysan et un groupe de consommateurs qui s’engagent à acheter une partie de sa production sur une durée de 6 mois ou plus, contre des aliments sains.

Dès lors, c’est parti comme un feu de paille. Dès 2001, plusieurs AMAP sont créées et un réseau d’AMAP voit le jour, Alliance Provence. La première Charte des AMAP est adoptée en 2003 et constitue pendant 10 ans le socle commun des Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne. La même année le terme AMAP est déposé à l’INPI et devient de fait une marque. Rapidement, le mouvement essaime partout en France et se structure avec, dans certains territoires, l’appui des Alliances PEC : des réseaux régionaux naissent en Rhône-Alpes, en Ile-de-France, en Picardie, etc.

Sur l’impulsion de certains réseaux régionaux et après une première rencontre nationale en 2009, le MIRAMAP, Mouvement interrégional des AMAP, est créé en 2010 pour renforcer la cohésion des AMAP à travers le partage d’une éthique commune, pour mutualiser les expériences et les pratiques et pour assurer la représentation et la mise en valeur des AMAP au niveau national. Entre 2012 et 2014, le MIRAMAP coordonne la ré-écriture collective de notre charte grâce à un processus impliquant plusieurs centaines d’acteurs du mouvement des AMAP.

Chemin faisant, la colonne vertébrale des AMAP s’est progressivement affirmée : solidarité avec les paysan·nes, engagement citoyen pour la démocratie alimentaire, revenus dignes pour les paysan·nes, transparence, confiance, qualité des produits, respect de l’environnement, de la biodiversité, des ressources en eau, sensibilisation et mobilisation.

Dates & chiffres clés

  • 1965 : Émergence des TEIKEI1 au Japon.
  • 1985 : Création des CSA (Community Supported Agriculture, soit ASC – Agriculture Soutenue par les Citoyen·nes) aux Etats-Unis.
  • 2001 : 1ères AMAP en France dans les Bouches-du-Rhône. Création du Réseau Alliance Provence, le 1e réseau local d’AMAP.
  • 2003 : Rédaction de la 1ère Charte des AMAP. Dépôt de la marque « AMAP » par le Réseau Alliance Provence.
  • 2009 : 1e Rencontre Nationale des AMAP. Naissance d’URGENCI, le réseau international des initiatives d’Agriculture Soutenue par les Citoyen·nes.
  • 2010 : Création du MIRAMAP, le Mouvement Inter-Régional des AMAP.
  • 2014 : Adoption de la nouvelle Charte des AMAP. Le MIRAMAP devient titulaire de la marque « AMAP ».
  • 2016 : Adoption de la Déclaration Européenne de l’Agriculture Soutenue par les Citoyen·nes avec URGENCI.
  • 2021 : 20 ans du mouvement des AMAP, plus de 2200 AMAP, 3700 fermes et une quinzaine de réseaux locaux d’AMAP.
  • 2024 : la marque individuelle « AMAP » devient une marque collective.

RESSOURCES

Manifeste ‘Depuis 20 ans, les AMAP en mouvement’
Actes des 20 ans du mouvement des AMAP à Marseille
Vidéo ‘2001-2021 : 20 ans des AMAP en France, des pionniers témoignent’
Vidéo ‘Interventions sur l’émergence des AMAP et des réseaux’
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