Cycle d’échanges entre paysan·nes #3 : je compose mes ‘paniers élevage’ en AMAP

Le 4 avril 2022 a eu lieu le 3e rendez-vous du cycle d’échanges entre paysan·nes en AMAP. Le concept ? Une heure de discussion pour partager son expérience, ses questionnements et ses bonnes pratiques en AMAP. Une occasion pour les participants d’apprendre et d’échanger entre pairs, qu’ils soient paysans en AMAP, porteurs de projet ou en cours d’installation.

Par Astrid et Amélie, animatrices Réseau AMAP IDF et AURA

Comment le pré-financement est-il intégré dans votre partenariat AMAP ?

Témoignage de Mickaël qui fonctionne avec un contrat annualisé avec pré-financement et un choix sur des produits (et pas sur des volumes). Mickaël insiste sur l’intérêt de ne pas proposer beaucoup de références mais plutôt des paniers pour donner à l’éleveur la possibilité de composer les paniers en fonction de la production. Exemple de paniers : faisselle, rouleau de 6 fromages, fromage surprise, fromage blanc battu, saucisson de porc et rillettes de chevreaux. Les contrats se passent sur 6 à 8 mois avec un pré-financement et une livraison tous les 15 jours.
Les amapien·nes ont l’obligation de prendre toutes les livraisons mais avec la possibilité de reporter leurs paniers s’ils préviennent en avance et uniquement pour le fromage (plus facile à reporter car on peut le stocker). Pour rentabiliser le déplacement, il faut un minimum de 300€ de produits par livraison. Au delà du temps de trajet (35 min), Mickaël prend aussi en compte la facilité du trajet et du parking : « plus on a la voiture à côté plus c’est facile pour nous ».

Isabelle valorise également des chevreaux engraissés de 6 mois en Caissette et en produits produits transformés (terrines, merguez). Isabelle fonctionne avec un contrat de mars à novembre qui suit la saison laitière. Elle encaisse les chèques et compte ensuite le reste de l’année sur ses capacités de gestion de trésorerie pour ne pas être à sec.

Comment valoriser les produits annexes dans les contrats en AMAP ?

Valorisation des chevreaux dans les contrats fromages : Mickaël et Laura souhaitent valoriser leurs chevreaux élevés sous la mère et se passer des grossistes. Depuis 2021, ils intègrent le chevreau au contrat AMAP sans obligation. Les chevreaux sous la mère sont valorisés en demi cabri ou en transfo (16€/kg). Il peut y avoir une réticence à laisser les chevreaux sous la mère du fait de l’impact sur le lait récolté. En fonctionnant avec une mono-traite le matin et en écartant le chevreau de la mère la nuit, Mickaël ne constate pas d’impact des chevreaux sur la production de lait des chèvres. Les chevreaux retrouvent leurs mères juste après la traite du matin. Les chevrettes quant à elles sont élevées avec du lait en poudre. A l’AMAP de Couzon, sur 45 contrats fromages, ils arrivent à valoriser 6 à 8 demi chevreaux, (la viande est pré-découpée et mise sous vide pour pouvoir la congeler). Isabelle considère qu’une consommation d’un panier de fromages équivaut à la production d’un 1/2 chevreau. Pour sensibiliser les amapien·nes à cette question et les inviter à consommer du chevreau, Isabelle indique sur le contrat une équivalence entre le nombre de fromages et le nombre de chevreaux nécessaires. Certains amapien·nes ont du mal à accepter cette contradiction et cela nécessite un temps long de pédagogie.

Dans les élevages de poules pondeuses, il y a nécessité de valoriser les poules de réforme. Alors que certaines AMAP ne s’en soucient pas, d’autres inscrivent la poule à cuire dans le contrat oeuf sans obligation pour les amapien·nes mais avec une incitation à le faire.

De son côté, Nicolas propose un seul contrat fromages avec plusieurs paniers différents et avec la possibilité de prendre des colis de saucisses/merguez avec trois livraisons par an (paiement à la livraison, poids de la viande variable).

Comment gérer la variation de production dans les partenariats AMAP ?

Témoignage de Pierre-Nicolas (aviculteur) : Pierre Nicolas propose un contrat annuel auprès de 5 AMAP avec 3 possibilités (petit, moyen ou grand poulet avec une variation de +/- 10% du poids ). Les amapien·nes s’engagent donc sur un poulet à la pièce, et il n’y a pas de régularisation en fonction du poids des poulets en fin de contrat. D’une part, cela facilite grandement la gestion des contrats. D’autre part, cela traduit la confiance et la solidarité des amapien·nes. Cette modalité contractuelle permet de mieux prendre en compte la spécificité de la production : si le coût d’alimentation des poulets est fixe, leur poids peut varier ! En cas d’aléas, il n’y a pas de remboursement des volailles dues, les amapien·nes sont solidaires comme indiqué sur le contrat !

D’autres aviculteurs font le choix de proposer un contrat avec un engagement sur un poulet à la pièce (quelque soit le poids). Toutefois, les éleveur·euses risquent d’être perdants car ce type de contrat ne permet pas de valoriser les différents poids des poulets. De plus, ils ont tendance à toujours mettre des poulets un peu plus gros que prévu.

D’autres éleveur·euses et amapien·nes notent tous les poids des poulets et proposent des régulations en fin de contrat. Toutefois, ce système s’éloigne des principes AMAP, représente une grosse perte de temps et un lourd suivi administratif.

Témoignage post-réunion d’un éleveur viande bovine et porcine qui ajoute à son contrat une cagnotte à 100€ et propose aux amapiens quand il a un surplus de viande avec une DLC courte de faire un colis à maximum 25€ avec de la viande à -40% de son prix.

Comment entretenir le lien avec les AMAPien·nes ?

Ce n’est pas toujours évident d’avoir un lien privilégié avec les amapien·nes, les éleveurs notent l’importance d’être présent aux livraisons, et de choyer le lien avec le référent pour faire passer des informations régulières à l’AMAP. Puisqu’il n’est pas toujours possible de rester aux distributions, certain·es envoient chaque semaine un mail aux amapien·nes pour leur partager des nouvelles de leur ferme.

A chaque livraison, Mickaël interpelle ses amapien·nes sur un sujet en ramenant un panneau ou une affiche pour les inciter à s’intéresser à ce qu’il se passe sur la ferme.

Concernant les ateliers pédagogiques, ils sont plus difficile à organiser sur des élevages car les activités se prettent moins à un soutien bénévole par des personnes non formées. Pour parer à ce problème, Pierre-Nicolas invite ses amapien·nes pour l’aider à planter des arbres.

Astuces :

  • Aborder un sujet différent à chaque livraison à l’aide d’un panneau/affiche pour inciter les amapien.nes à s’intéresser à ce qu’il se passe sur la ferme.
  • Envoi d’un mail de rappel avant chaque livraison
  • En élevage, pas évident de faire des chantiers avec les amapiens et de faire vivre l’engagement. Une solution est de faire des chantiers pour plantation d’arbres ou de haies.
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