Pour ce second échange entre paysans en AMAP, il était question de renouvellement en AMAP : comment en parler dans son AMAP et auprès de ses référents amapiens ? Comment réagir en cas de baisse et trouver les moyens d’augmenter son nombre de contrats ? Quelques pistes dans cet article.
Les constats du renouvellement en AMAP
La vie de toute AMAP est soumise à des aléas, dont certains liés au départ d’amapiens : déménagement, changement de situation personnelle ou professionnelle, mauvaise compréhension du système et des valeurs portées par l’AMAP… Des paysans en AMAP se sont retrouvés pour partager leurs vécus et conseils sur le renouvellement, pointant aussi de nouvelles difficultés arrivées suite à la pandémie du Covid-19.
Franck, maraîcher dans le Calvados, partage son ressenti sur cette période qui a tout chamboulé : un « gros développement l’année dernière et des pénuries car tout le monde consommait bio et local », puis une baisse des renouvellements, des problèmes sociaux qui s’accentuent « augmentation du coût de la vie, pauvreté… ». Pour lui, l’AMAP est « un moyen de mettre en valeur sa participation écologique ». Or les files d’attente, les masques, la distanciation sociale et l’interdiction de se rassembler sont autant de mesures qui ont fragilisé le tissu associatif et entrainé une perte de convivialité et d’intérêt pour l’AMAP.
Anticiper le démarrage de nouveaux contrats
Pour Florent en partenariat avec des AMAP sur des territoires ruraux, le renouvellement a toujours été une période délicate. Auparavant il attendait entre octobre et novembre pour renouveler les contrats de ses amapiens – une situation qui entrainait parfois de mauvaises surprises. Depuis, il a fait le choix de s’investir davantage dans les actions mises en œuvre par son AMAP pour se faire connaitre en participant à des évènements locaux : marchés de Noël, forums, fêtes sur la place du village…
Dominique anticipe quant à lui le renouvellement en proposant un sondage à ses amapiens, en amont de l’ouverture des nouveaux contrats, pour savoir combien de familles seraient prêtes à s’engager sur ses contrats petits fruits. Un système qui lui permet d’anticiper une évolution éventuelle du nombre de contrats souscrits. D’autant plus que ces contrats petits fruits lui permettent de rebondir plus facilement en cas d’aléas climatiques sur sa production de pommes et de poires (l’année dernière, un panier solidaire s’était organisé avec ses amapiens suite à l’épisode de gel d’avril).
Enfin en Auvergne-Rhône-Alpes, un maraîcher expérimente le renouvellement de contrat par tacite reconduction. Le principe : demander aux amapiens qui ne souhaitent pas renouveler leur contrat pour l’année à venir de se manifester – et non l’inverse. Ce système est facilité par l’utilisation de Clic’AMAP.
Communiquer sur l’AMAP et avec ses amapiens
Une maraichère dans l’Oise, Sophie, propose ses fruits et légumes dans 10 AMAP. Elle explique différentes méthodes utilisées par ses AMAP pour faire marcher le bouche-à-oreille et communiquer : « Ils vont tous aux forums des associations (on apporte des cageots de légumes pour que les personnes puissent visualiser la composition des paniers et on distribue des plaquettes informatives sur où on est, ce qu’on cultive…), ils donnent des flyers les jours de distribution, sont présents sur les réseaux sociaux, font des distributions de plein air pour que les passants puissent voir ce qu’on fait. »
Cette année, elle constate un non-renouvellement important. Combiné à la hausse du coût de la vie, elle se voit contrainte d’augmenter le prix de son panier. Alors comment en parler à ses amapiens ? Elle a fait le choix d’écrire une lettre sur les réalités économiques de sa ferme pour parler de sa situation et faire comprendre, chiffres à l’appui, cette hausse de prix.
Cultiver l’esprit et les convictions AMAP
Bien accueillir les nouveaux amapiens et leur expliquer la démarche de solidarité en cas de coup dur en AMAP, prendre soin du collectif en générant des espaces de convivialité, donner des pistes aux amapiens pour s’impliquer, c’est créer du lien et renforcer l’AMAP en lui donnant du sens. Le paysan est celui qui a le plus de pouvoir auprès des amapiens pour les mobiliser. Pour Florent, il est indispensable aujourd’hui de communiquer massivement pour que les AMAP gagnent en visibilité et que les citoyen·nes comprennent davantage comment ce modèle participe à la pérennisation de l’agriculture paysanne sur les territoires.
Quelques astuces partagées pendant cette heure d’échange : lancer des challenges à ses amapiens pour que celui qui déménage trouve un remplaçant – ou même encore plus, que chacun trouve une personne dans son quartier ou village qui serait intéressée pour rejoindre l’AMAP. Et pourquoi pas impliquer ses amapiens dans un chantier participatif à la ferme ? Un bon moyen pour impulser des temps collectifs forts et cultiver l’engagement et les liens entre paysans et amapiens.
Pour aller plus loin et découvrir des éléments pour faire face aux problèmes de renouvellement en AMAP, le Réseau des AMAP Ile-de-France a rédigé un article et une fiche de bonnes pratiques.