Le 5 décembre, le 9e rendez-vous du cycle d’échange entre paysan·nes en AMAP a été consacré à la question de la transmission des fermes en AMAP et au rôle du Mouvement des AMAP.
La faible participation à ce temps d’échange nous a conduits à proposer un format webinaire le 15 décembre avec pour témoins et intervenants 3 étudiants de l’ISARA : école d’ingénieurs agronomes à Lyon, ayant conduit une étude entre septembre et décembre commandité par le Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes sur le sujet. L’étude, ses préconisations et les interventions des participants ont permis d’élaborer des pistes d’actions à mettre en place dans le Mouvement des AMAP pour favoriser des transmissions et des installations nombreuses de paysan·nes en AMAP.
« Je trouve que les AMAP pourraient plus s’impliquer dans la transmission car l’AMAP c’est le maintien d’agriculteurs sur leur ferme »
Les AMAP ont besoin de paysan·nes pour exister et les amapien·nes ont besoin des paysan·nes pour manger. Or, s’il est de plus en plus difficile de s’installer d’un côté que de l’autre, de nombreux paysan·nes en AMAP souhaitent / sont en âge de transmettre leur ferme. L’AMAP a donc un rôle à jouer pour sécuriser des nouvelles installations sur des fermes en AMAP.
« La complexité du renouvellement des générations : un enjeu mal connu et peu anticipé »
En France, il y a plus de départ que d’arrivée d’activité agricole et le processus s’accélère et est différent selon les ateliers de production. Plus d’arrêt d’activité que d’arrivée en élevage laitier par exemple, et à l’inverse plus d’arrivée en maraichage que d’arrêt, mais sur de plus petites surfaces. Ces arrêts d’activités agricoles ne sont pas tous dû à l’âge de la retraite mais aussi à de nouveaux profils de paysan·nes qui ont envie de faire autre chose à un moment de leur vie et qui parfois s’orientent vers des statuts juridiques facilitant un renouvellement des actifs agricoles.
« L’AMAP, un lieu de sensibilisation pour toutes et tous »
Les livraisons en AMAP sont souvent l’occasion d’échanger, de donner des nouvelles et de sensibiliser. On pourrait imaginer une infographie sur le renouvellement des générations agricoles affichée ou mise à disposition sur les lieux de livraison, mais également mise en ligne sur des outils tels que clic’AMAP ou AMAP en fêtes.
« L’AMAP : un lieu d’écoute pour accueillir la parole paysanne »
On pourrait systématiser la prise de température des fermes en AMAP vis-à-vis de la transmission. Ce qui revient chaque année en AMAP : le renouvellement de contrat, l’Assemblée Générale pour certains, les visites de fermes.
Autant le travail du Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes sur les difficultés des paysan·nes en AMAP que celui sur le rôle des AMAP dans la transmission montrent que la place première des AMAP est une oreille attentive et complémentaire pour accueillir la parole paysanne. Le rôle du / de la référent·e est particulièrement sollicité pour :
- Réunir les conditions de sécurité nécessaires à l’expression du / de la paysan·ne : climat de confiance, moment privilégié, intimité…
- Être sensibilisé aux problématiques paysannes et à la complexité de la transmission agricole pour être capable d’interpeller et d’interroger de manière fine et adaptée les paysan·nes partenaires.
« Les fermes en AMAP plus armées pour la transmission agricole »
« Le cédant en AMAP peut introduire son repreneur dans l’AMAP, lui assurer un réseau de commercialisation et de partenariat clef en main »
Les nouveaux installés qui ont eu la possibilité de reprendre un atelier de production similaire sur la ferme bénéficient parfois d’un tuilage avec le cédant. Ainsi, le cédant va présenter son repreneur à l’AMAP et va pouvoir accompagner les changements de production (prix, quantité, recette, fréquence…) qu’engendrent un changement de producteur. Le repreneur part donc dans une relation de confiance avec ses référents, ce qui va faciliter ses premières années d’activité et les réajustements nécessaires.
Les paysan·nes en AMAP : un réseau de connaissances et de savoirs à valoriser
Après des années d’expériences professionnelles et une stabilisation de l’activité, certains paysan·nes en AMAP encore en activité ou à la retraite cherchent à lever le pied sur l’activité et à trouver un complément financier moins engageant physiquement.
D’un autre côté, 52 % de paysans récemment installés ont créé leur ferme ex nihilo, c’est-à-dire leur outil de production, leur savoir-faire technique, leur réseau de commercialisation, leur intégration sur le territoire, et n’arrivent pas à se dégager un revenu 5 ans après leur installation.
Face à ce constat, les réseaux d’AMAP pourraient coordonner l’expérimentation de contrats de parrainage rémunérés sur trois ans avec des engagements et un suivi annuel.
« Nombreux de mes adhérents sont adhérents depuis de nombreuses années, ils savent mieux ce qu’ils veulent trouver dans leur panier et ont maintenant une bonne idée des possibilités et/ou impossibilités de production »
Les référent·es en AMAP et les amapien·nes en partenariat depuis des années peuvent accompagner des nouveaux paysan·nes en AMAP, non pas sur la technique de production, mais sur le planning de production, le prévisionnel de volume à produire, la fréquence de commercialisation, le retour sur les produits.
« Les AMAP : un réseau facilitant / sécurisant des installations »
On a tendance à oublier leur rôle que peut jouer une AMAP dans la sécurisation et la pérennisation des fermes. Tout d’abord, le format des contrats payés d’avance sur une année apporte visibilité et trésorerie.
La coresponsabilité du nombre de contrats permet aux paysan·nes de ne pas porter seul·es la responsabilité de sa commercialisation et de pouvoir s’appuyer sur ses référent·es pour trouver de nouveaux contrats.
Le collectif d’amapien·nes représente un vivier de personnes à solliciter pour demande de coup de main, écoute, aide diverses et multiples.
Les AMAP sont intégrées dans leur territoire et ont tissé un réseau de partenariats inter-paysan mais aussi inter-réseau, inter-AMAP et avec les collectivités de leur territoire. Une AMAP c’est donc bien plus que les familles en contrat : c’est aussi un réseau interactif sur son territoire.
On sait que les premières années d’installation agricole sont souvent des périodes de vulnérabilité et que lorsqu’elles se combinent avec des aléas sur les fermes, cela augmente considérablement les risques psycho-sociaux-économiques. Or les initiatives de solidarité et de soutien sont nombreuses en AMAP : du soutien moral, en passant par la mise en place de chantier, d’évènement, de cagnotte solidaire… En 2020, une étude du Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes identifiait également la capacité financière des amapien·nes à se mobiliser autour de l’achat de foncier pour faciliter ou sécuriser des installations.
POUR EN SAVOIR PLUS
- Fiche synthétique des résultats de l’étude sur le renouvellement des générations agricoles des fermes en AMAP en Auvergne-Rhône-Alpes
- Présentation orale de l’état des lieux de la situation des fermes en AMAP en Auvergne-Rhône-Alpes et place des AMAP dans le renouvellement des générations agricoles
- Kit « Renforcer le pouvoir des amapien·nes sur la transmission agricole et l’accès au foncier »
- État des lieux des difficultés des fermes en AMAP et conditions de la mise en place de solidarités