Le 15 mars 2024, 24 paysans, paysannes, porteur·ses de projets et membres de réseaux d’AMAP se sont retrouvé·es pour échanger autour de la thématique de la construction du prix en AMAP. Retour sur quelques enseignements issus de cet atelier.
Principes fondamentaux
La notion de partage de récolte s’appuie sur des principes fondamentaux en AMAP : confiance réciproque, partenariat sur le long terme, partage des risques en cas de baisse de production (et partage du surplus en cas d’abondance) et sortie d’une logique de prix du marché tout en restant juste et accessible.
Un véritable changement de paradigme
Dans le système économique classique, les prix sont fixés par les mercuriales et les paysan·nes vendent selon les prix du marché. Cette fixation des prix ne tient pas compte des coûts réels de production. Le modèle économique en AMAP permet un réel changement de paradigme : on part des besoins du/de la paysan·ne. Le contrat d’engagement permet de donner de la visibilité sur la trésorerie, de garantir des débouchés, tout en vendant au prix qui correspond aux besoins réels de l’activité.
Mode de calcul d’une part de récolte
Le prix du panier est ainsi établi selon le mode de calcul suivant : coûts de fonctionnement de la ferme (fermage, plants et semence, intrants, matériel, cotisations sociales, etc.), plus revenu du/de la paysan·ne, divisé par le nombre de parts de récolte (ce que le/la paysanne met en culture pour une famille pour une année).
Ce que dit la Charte des AMAP
Chaque groupe d’AMAP en partenariat avec son ou sa paysan·ne partenaire établit ainsi un prix juste pour les mangeur·se·s et rémunérateur pour la ferme, en prenant en compte la viabilité économique de la ferme et les conditions sociales de celles et ceux qui y travaillent. Dans la Charte des AMAP, les amapien·nes s’engagent à « contractualiser et prépayer la production sur la période du contrat à un prix équitable et à prendre en compte équitablement avec les paysan·nes les fluctuations et aléas inhérents à leur activité ». Les paysan·nes s’engagent quant à eux à « déterminer en toute transparence avec les amapien·nes un prix forfaitaire stable, garanti et équitable sur la durée du contrat ».
Cultiver la transparence
De nombreuses pratiques existent pour échanger entre paysan·nes et adhérent·es autour du prix et de la situation économique de la ferme. Il est indispensable de bien anticiper car ces discussions demandent beaucoup de temps d’échanges et de pédagogie. Il est conseillé d’échanger dans un premier temps avec son/sa référente pour voir comment aborder la question du prix avec les autres amapien·nes. Un temps d’échange peut ensuite être organisé (lors d’une AG, d’une distribution, etc.) pour leur présenter la situation de la ferme, pourquoi pas avec l’aide d’un support visuel ou avec des chiffres à l’appui. Globalement il y a un besoin de connaitre le·la paysan·ne et de créer des liens au fil de l’année pour permettre ces échanges et avoir une bonne compréhension de la ferme.
Points d’attention
Attention : la transparence de la ferme sur sa situation économique ne veut pas dire que les amapien·nes fixent le prix du panier. C’est à la ferme de le proposer aux adhérent·es, de le justifier et ensuite d’en discuter ensemble. De même, la transparence dans le calcul du coût du panier de signifie pas que la ferme se voit imposer l’accès à sa comptabilité, elle doit en revanche justifier son prix de manière compréhensible.
AMAP et autres circuits de vente
Il est courant que des paysan·nes aient plusieurs autres débouchés que l’AMAP. Comment alors faire le calcul pour estimer à quel prix sera la part de récolte ? Des outils sont proposés par plusieurs réseaux d’AMAP afin de prendre en compte tous ces paramètres : n’hésitez pas à les contacter !