Lundi 10 juin 2024, 22 paysan·nes et animatrices de réseaux d’AMAP se sont réuni·es pour un atelier d’1h30 en visio autour de la thématique « Communication en AMAP : favoriser la participation et l’appropriation des enjeux agricoles et alimentaires ». Parmi ces paysan·nes, une grande diversité de profils : porteur·se de projet, nouvelles et nouveaux paysan·nes en AMAP, en production maraichère, animalière ou grande culture… Tous réuni·es dans le but de réfléchir aux manières de créer de bonnes bases avec les amapien·nes et de découvrir des ‘ingrédients’ pour favoriser la participation en AMAP.
La communication, ingrédient clé en AMAP
Être paysan·ne en AMAP implique plusieurs engagements, dont un engagement de transparence et de pédagogie vis-à-vis des adhérent·es qui auront toujours des niveaux différents de compréhension et de connaissance des enjeux.
Le partenariat AMAP est dépendant d’une bonne communication pour :
- Définir un cadre qui répond aux attentes de chacun·e
- Permettre aux adhérent·es de bien comprendre les réalités des fermes
- Nourrir les liens humains entre adhérent·es et paysan·nes
- Assurer une confiance entre la ferme et les adhérent·es
Un manque d’information laisse place aux interprétations !
Analyse de cas de communication
Cet atelier a été l’occasion de travailler sur 3 cas concrets sur lesquels les fermes sont amenées à communiquer pour :
- Identifier les pratiques de communication qui fonctionnent bien
- Faire comprendre ses réalités aux adhérent·es
- S’assurer que le partenariat réponde aux besoins et attentes de chacun·e :
Cas n°1 : Une ferme qui manque de panier dans son AMAP
Quelques pistes de réponse :
- Participer au Forum des Associations et prendre les coordonnées des personnes pour les recontacter par la suite
- Avoir un référent communication, une communication groupée, un compte WhatsApp ou Télégram, des pages Facebook ou Instagram, un blog ou une feuille de chou…
- Organiser le renouvellement des contrats : https://amap-idf.org/medias/files/3vie_des_amaps/lettre_d_info/2022_fiche_organiser_le_renouvellement_des_contrats_vf.pdf
Cas n°2 : Une ferme qui voudrait augmenter son prix de panier
Quelques pistes de réponse :
- Il est indispensable de bien anticiper car cela demande beaucoup de temps de travail et d’échange. Il y a un enjeu à expliquer le prix avec pédagogie.
- Échanger avec son référent pour voir comment aborder le sujet des prix.
- En parler soit en expliquant par mail avec des chiffres à l’appui, soit en AG ou en réunion pour avoir un temps dédié d’échange pour sensibiliser les adhérent·es. Il y a un besoin de connaitre le·la paysan·ne et de créer des liens au fil de l’année pour permettre ces échanges et avoir une compréhension globale de la ferme.
Points de vigilance :
- Transparence ne veut pas dire dépendance : ce n’est pas parce que la ferme communique sur sa situation économique que les amapien·nes fixent le prix du panier.
- C’est à la ferme de proposer aux adhérent·es tout en expliquant la situation à partir de ses chiffres : la ferme doit justifier son prix de manière compréhensible.
- Pas de violation de l’intimité comptable : les amapien·nes ne connaissent pas les tenants et aboutissants de la comptabilité agricole, les paysan·nes peuvent vulgariser leurs chiffres, montrer des camemberts de leurs charges, mais ils n’ont pas à donner leur bilan comptable.
Cas n°3 : Une ferme qui souhaite commercialiser dans un autre débouché que son AMAP
Témoignage d’une ferme : Mayi commercialise en AMAP, au marché et à la Vie Claire. Elle a des parcelles dédiées avec des légumes de plein champ. Elle fixe son prix au kilo, avec un prix qui est toujours moindre pour l’AMAP, ce qui permet de fidéliser les amapien·nes. Elle communique avec un tableau à la distribution chaque semaine avec le contenu du panier et des nouvelles de la ferme. Elle communique aussi sur Instagram avec le contenu du panier de la semaine. Le nombre d’adhérent·e est stable dans ses AMAP. Elle explique qu’il est important d’avoir un temps d’échange par an pour expliquer les augmentations de charges au global.
Un paysan qui ne communique pas comme les autres
Clément Lechartier, paysan maraîcher près du Havre, est en AMAP depuis 16 ans. Il tenait une feuille de chou puis un amapien lui a proposé de faire des textes. Il y a beaucoup de fantasmes des amapien·nes sur ce qu’est le métier de paysan en AMAP. Clément a commencé par expliquer dans ses textes pourquoi il faisait les marchés, comment ça se passait lorsqu’il y avait du gel avec les laitues, etc. Il demandait aussi aux amapien·nes des idées de sujet, ce qui a relancé les feuilles de chou. Des amapien·nes ont publié ses textes et il fait des lectures publiques, ce qui a permis de faire adhérer de nouveaux amapien·nes. Il écrit 2 à 3 pages maximum par texte et prends 2h de rédaction pour une chronique. Il communique ensuite sur son texte grâce à un blog et avec un mail de rappel. Un noyau dur s’est créé autour de cette anachronique, il y a des conteuses dans l’équipe. Chaque chronique est sur un sujet avec des cas concret, ce qui permettent d’apporter des éléments de pédagogie qui peuvent être utilisés par d’autres. Pour consulter le blog de Clément : http://paniersandcaux.hautetfort.com/
Pour conclure
On identifie plusieurs temps de communication :
- Au démarrage d’un nouveau partenariat
- Tout au long de la saison pour partager ses réalités, et en particulier lorsque l’on fait face à des aléas ou qu’il y a des événements forts sur la ferme (embauche, investissement, transmission, arrêt d’activité, etc.) qui impactent la ferme et les partenariats AMAP
- Régulièrement en fin de saison (réunion de bilan de saison dédiée au partenariat ou lors de l’AG de l’AMAP) pour voir ce qui fonctionne bien et moins bien, apporter des éléments de réponse aux questionnements des adhérent·es et définir les changements à mettre en œuvre en cas de difficultés
- Avant le renouvellement du contrat, avec les référent·es et parfois l’ensemble des adhérent·es, pour définir les termes du futur contrat : prix du panier à anticiper, nombre de paniers nécessaires, identifier le nombre de personnes qui renouvellent et rechercher de nouveaux adhérent·es éventuellement
Il y a plusieurs interlocuteur·rices (référent·e de la ferme, collectif d’animation ou conseil d’administration, ensemble des adhérent·es, etc.) et autant de façon de communiquer :
- A l’écrit : par mail (nouvelles des champs, feuille de choux, lettre d’info) au rythme qui convient à la ferme, via les réseaux sociaux (Instagram, Whatsapp, Facebook), grâce à des supports papiers type affiches ou tableau pour présenter la ferme
- En direct lors des distributions hebdomadaires, des ateliers à la ferme, des temps festifs ou des réunions
Pour aller encore plus loin, pensez à consulter la fiche « Communiquer et construire une relation de confiance avec ses amapien·nes » : https://cloud.miramap.org/s/ay8ZTzbyKnxr8BB