Les élections aux chambres d’agriculture auront lieu très bientôt : chaque agriculteur·rice sera amené·e à voter électroniquement entre les 15 et 31 janvier 2025 pour définir la composition des chambres départementales ou régionales. La mission de ces chambres est d’accompagner le développement agricole ainsi que d’assurer la représentation des agriculteur·rices auprès des pouvoirs publics. Elles ont donc vocation à être la voix des agriculteur·rices dans les discussions étatiques ou régionales sur des questions aussi diverses que l’agriculture, l’aménagement du territoire, la gestion de l’eau, l’assurance maladie, l’utilisation des pesticides, l’autorisation de certaines semences, les normes d’élevage, l’accès au foncier agricole, l’accompagnement des nouveaux·lles agriculteur·rices…
Sur beaucoup de ces sujets, l’État est toujours dans la co-gestion avec les chambres d’agriculture instaurée au sortir de la seconde guerre mondiale. C’est-à-dire que le politique ne joue pas son rôle de décideur. Il choisit de sous-traiter les politiques agricoles aux chambres d’agriculture. La composition de ces chambres est donc absolument déterminante pour envisager le changement de modèle agricole et alimentaire que défendent les AMAP partout dans notre pays.
La FNSEA et les syndicat des Jeunes Agriculteurs pilotent la quasi-totalité des chambres d’agriculture française et accompagnent l’industrialisation de l’agriculture depuis des années. Ces syndicats ont utilisé les chambres d’agriculture pour défendre leur modèle d’agro-exportations, d’un recours important aux pesticides et aux engrais chimiques de synthèse, de développement de l’élevage industriel, de concentration foncière ou d’évolution des fermes de la production alimentaire vers la production énergétique (méthanisation, photovoltaïque au sol…). Nous connaissons le résultat : un énorme problème de revenu agricole, une difficulté pour de nombreuses fermes à répondre aux attentes environnementales de la société et surtout un immense malaise humain dans le monde paysan. Les grandes mobilisations agricoles de l’hiver dernier ont montré la détresse profonde dans laquelle se trouvent bien de paysan·nes de nos régions.
Cette situation n’est pas immuable. Réconcilier la société avec l’agriculture, engager la transition écologique, en finir avec le libre-échange des produits agricoles, installer des milliers de nouvelles fermes et garantir un revenu juste à celles et ceux qui nourrissent le pays. Voici le programme défendu par le syndicat qui nous est proche, la Confédération Paysanne, dont les revendications et les projets semblent plus compatibles avec les attentes des AMAP.
Alors ami·es paysan·nes, préparez-vous à voter. Vos clics en janvier pourraient apporter une pluralité indispensable, même minoritaire, dans les instances et commissions des chambres d’agriculture. Et ami·es amapien·nes, discutez de ces élections avec vos fermes partenaires ou avec d’autres paysan·nes que vous croisez. Car ces élections vous impactent aussi à travers l’alimentation et la santé. Bien sûr, au-delà de ces élections, nous souhaitons une réforme profonde du scrutin, de la composition et de l’organisation des chambres d’agriculture.
– Florent, Ariane, Evelyne, Mireille et Maud