Quelle mise en réseau dans le mouvement des AMAP ? Comment émergent des dynamiques entre AMAP dans un territoire ? Quels sont les freins et leviers ? Retour sur l’atelier de partage d’expérience autour de création d’interAMAP et de réseau, formation du 24 juin 2017- week-end du Miramap, Lyon
‘Il n’y a pas de mouvement sans organisation’ ; ‘le réseau est un ensemble de connections qui permettent aux organisations d’être plus fortes’ affirmait Michel Adam, ingénieur et auteur du livre ‘L’Association, image de la société’, lors d’une précédente formation en 2016.
Lors de la journée collective du 24 juin 2017, des membres du Miramap se sont réunis pour réfléchir collectivement autour du thème ‘le Mouvement des AMAP : projets collectifs et modes de coopération’. Avant de travailler l’action collective et comment renforcer les coopérations dans le mouvement, il nous est apparu important de partager nos expériences de mise en réseau dans les territoires. Cet article propose de rapporter quelques enseignements sur ces dynamiques interAMAP.
Inter-AMAP, ‘tentative de réseau’, antenne locale, réseau départementale, régional, interrégional…
La dizaine d’expériences d’interAMAP présentée a montré qu’il existe une grande diversité de nomination pour parler simplement du fait de l’organisation inter-associative entre les AMAP d’un territoire. Nominations parfois communes qui recouvrent pour autant une diversité d’initiatives, de modes d’organisation et d’action et de territoires (entre AMAP d’un bassin de vie, autour d’un paysan en AMAP, de l’échelle départementale à l’interrégional). Certaines inter-AMAP se sont arrêtées, d’autres sont devenues des réseaux au sens où s’engagent un grand nombre d’échanges entre les membres et d’actions collectives. D’autres encore n’ont duré qu’un temps pour répondre à un problème ponctuel.
Toutes ont en commun les objectifs suivants : se connaitre, échanger et partager des expériences, des informations sur la vie des AMAP, des paysans en AMAP. L’entraide et la mutualisation sont des objectifs souvent prioritaires, tout comme celui de chercher à communiquer, faire connaitre plus largement le projet AMAP.
Certaines organisations collectives vont développer des objectifs ‘politiques’ plus affirmés et recherchent à porter et faire entendre la voix des AMAP et jouer un rôle pour faire évoluer le modèle agricole (comme l’interAMAP citée en Ile de France, l’interAMAP basque, les réseaux régionaux ou le Miramap).
Quels sont les freins et leviers aux dynamiques inter-AMAP ?
Les synergies entre AMAP ‘prennent’ quand il y a une ou plusieurs personnes motrices qui arrivent à rassembler des membres d’AMAP, et lorsque les premières rencontres sont créatrices : créatrice d’échanges, de bonne humeur, d’expression individuelle et collective, d’entraide. La dynamique semble perdurer quand les objectifs sont définis et partagés, quand des actions collectives concrètes prennent forme et que l’équipe motrice parvient quant-à elle à se renouveler en mettant en place une organisation favorable à la participation et à la transmission. Se pose en effet la question du fonctionnement collectif et de la répartition des responsabilités et des tâches pour que l’organisation ne dépende pas seulement d’une ou deux personnes.
Les réseaux régionaux sont des appuis pour susciter, animer et accompagner l’organisation collective en local ; tout comme les échanges entre membres de réseaux. Par exemple, en Lorraine et dans le Tarn, l’organisation de rencontres avec l’intervention et le témoignage de personnes impliquées dans d’autres régions ou la participation à des rencontres inter-régionales, ont montré leur efficacité pour appuyer, faciliter, le démarrage d’une mise en réseau d’AMAP.
Pour s’impliquer dans une interAMAP ou un réseau, cela demande du temps : ‘c’est déjà lourd à gérer la dynamique au sein de l’AMAP’ disait un participant. Un autre frein serait aussi le manque de motivation pour engager une dynamique collective : pourquoi chercher à mieux s’organiser quand cela fonctionne assez bien déjà dans notre AMAP ?
Nous avons ouvert quelques réflexions en nous questionnant : l’interAMAP, le réseau ne peut-il pas être aussi le lieu pour échanger sur les besoins, les problèmes, rechercher des solutions collectivement aux problématiques générales (au-delà de la situation d’une seule AMAP) en AMAP notamment en termes de partage et transmission du projet associatif et organisationnel, ou encore prendre de la hauteur sur ce que l’on vit ?
Le manque récurrent de temps des bénévoles des AMAP ou de motivation ne traduirait-il pas des difficultés d’appropriation collective du projet commun AMAP dans toutes ses dimensions et notamment celle de transformation sociale et écologique de l’agriculture et de notre rapport à l’alimentation ? Ces difficultés deviennent alors les défis qu’ont à relever nos organisations collectives…
Une recette miracle ?
Au regard de cet atelier, il ne semble pas y avoir de recette miracle pour développer des synergies entre AMAP d’un territoire. Pour autant nous avons identifié un ensemble d’ingrédients qui nous l’espérons, pourront alimenter les réflexions de chacun. Nous avons aussi soulevé l’importance de poursuivre et approfondir le recueil d’expériences d’InterAMAP pour affiner notre compréhension collective de ces projets collectifs et retirer davantage d’enseignements partageables.
Pépites de la journée :
‘On confond le concret et l’immédiat’ et ‘localement, la vision de long terme devrait être la plus forte’ pour autant ce n’est pas toujours le cas pourrait-on rajouter….
Magali Jacques