Les ressorts du métier de paysan·nes en AMAP

4 paysans maraîchers en AMAP d’Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France, Normandie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur croisent leur regard sur les spécificités de leur métier

Extraits de témoignages écrits et oraux récoltés en décembre 2023

Une planification singulière du travail et des récoltes

 « C’est le sujet qui vient souvent quand on discute avec des maraîcher·es qui ne sont pas en AMAP et qui voudraient s’y mettre. Quand on parle un peu de l’organisation du travail et des récoltes, c’est là-dessus qu’il est intéressant d’échanger parce que ça change tout. Entre celui/celle qui fait des marchés et des magasins et celui/celle qui fait des AMAP, ce n’est pas du tout la même façon d’organiser la planification de la récolte. Après, le travail au quotidien revient au même en quantité de carottes, de choux ou d’autre chose. C’est la façon d’organiser la semaine qui est singulière, il existe des outils sur lesquelles s’appuyer et aussi l’expérience des collègues. »

Un revenu assuré, un temps de commercialisation réduit, moins de concurrence et plus de projets agro-écologiques

 « Le fait que l’on soit délesté d’une partie du temps de commercialisation (ne pas avoir à faire des ventes ponctuelles) et d’une forme de concurrence fait que c’est aussi du temps gagné et de la disponibilité mentale pour avancer sur d’autres projets. Au début quand tu t’installes tu ne peux pas tout faire, tu ne feras pas tout de suite des aménagements écologiquement positifs s’ils ne t’amènent pas directement des revenus. Or là comme ton revenu principal est assuré, tu seras plus tenté de le faire. C’est une grosse plus-value de l’AMAP : quand tu appelles des adhérent·es pour venir aider à planter des haies, ils répondent, ils sont contents, voire c’est eux qui vont te pousser à mettre en place des infrastructures agroécologiques. »

Une approche « totalement » différente des notions de production et de prix

 « J’insisterais sur les spécificités du/de la paysan·ne en AMAP en le comparant concrètement avec nos collègues qui font les marchés ou autre : moins de déchets et de pertes (tout est valorisé), un assolement totalement différent (plus proche de la vente en demi gros que la vente en marché), une construction du prix totalement différente (en étant 100% en AMAP, tu pars de tes besoins et pas des prix du marché), plus d’aide extérieure « bénévole », un soutien psychologique/mental important (on se soucie de nous, de nos échecs, des conséquences des problèmes climatiques sur notre ferme, etc), une nécessité de beaucoup plus communiquer auprès de nos « partenaires/mangeur·ses » (ils et elles acceptent plein de choses MAIS à condition qu’on explique pourquoi), etc. Il y en aurait sûrement d’autres mais je trouve intéressant de faire le parallèle entre paysan·ne en AMAP et paysan·ne soumi·es aux règles du marché car c’est deux métiers totalement différents. »

Un réseau de paysan·nes caractérisé par la coopération

« En AMAP on est beaucoup moins en compétition avec nos collègues, ce qui permet de coopérer plus les uns avec les autres. »

« En tant que paysan·nes on crée du lien. Avec PAYSAMAP (réseau de paysans conseil en Provence-Alpes-Côte-d’Azur – voir le guide pratiques de paysan·nes en AMAP), on fait comprendre aux autres paysan·nes qu’il y a un réseau, qu’ils et elles peuvent bénéficier de son appui et de son accompagnement. Le premier contact se fait avec une visite sur la ferme pour discuter des pratiques de chacun·e. On ne se sent pas seul·e dans son champ… parce que c’est compliqué de produire beaucoup de légumes diversifiés, du coup, on leur dit « t’hésite pas » et puis on peut aussi donner des tuyaux. On explique que grâce à la contribution de chacun·e aux réseaux, en temps et en cotisation, on peut accéder à un tas de conseils. C’est toujours enrichissant, si on arrive à trouver le temps, d’aller voir les autres qui s’installent et ainsi créer ce réseau qui sert à ces jeunes qui s’installent. »

« La force d’un réseau d’agriculteur·rices c’est l’échange, créer des liens ville-campagne, expliquer nos difficultés, sensibiliser les gens à la diversité variétale et à la nature. »

« Quand on fait partie des AMAP, on fait aussi partie du Pôle InPACT et du coup ça réunit plein d’autres acteurs. »

A la suite de cette récolte de témoignages et échanges entre paysan·nes, la rubrique « Paysan·ne » du nouveau site miramap.org a été créée. La perspective de rendre davantage visible le réseau de paysan·nes en AMAP à l’échelle nationale est à l’étude, l’enjeu étant de faciliter la mise en lien, la coopération et le partage des caractéristiques des fermes en AMAP.

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