L’économie de proximité : un concept abstrait ?
Le Conseil régional de Rhône-Alpes a décidé de faire de l’économie de proximité l’un des trois axes centraux de la stratégie de développement régional. Ce concept, qui peut sembler fumeux de prime abord, s’inspire d’économistes du début du 20ème siècle comme Werner Sombart.
Aujourd’hui, économistes et élus font le constat que le niveau de développement d’un territoire ne dépend pas uniquement de son produit intérieur brut mais de sa capacité à faire circuler la richesse, à créer des emplois. Dans un contexte de crise persistante et de délocalisations massives, l’économie de proximité apparaît alors comme un levier de développement d’un territoire.
Le concept recoupe des secteurs d’activité tournés essentiellement vers la satisfaction des besoins des populations présentes sur le territoire : artisanat, commerces, services, structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), PME/TPE et entreprises agricoles à ancrage local. L’objectif de ces deuxièmes rencontres régionales de l’économie de proximité était de passer du concept à l’action.
Les AMAP dans l’économie de proximité
A l’occasion de la table ronde des territoires, Denis Colongo, Président de la Chambre de l’Économie sociale et solidaire Rhône-Alpes, fait remarquer que les AMAP sont une contribution de l’ESS à l’économie de proximité dans le champ de l’agriculture. De fait, l’exemple des AMAP est revenu à plusieurs reprises.
Avec leur objectif de préserver l’existence et la continuité des fermes de proximité dans une logique d’agriculture paysanne, socialement équitable et écologiquement saine, les AMAP semblent partie intégrante de la démarche. D’autre part, elles répondent aux besoins humains des personnes sur le territoire en ce qu’elles permettent à des consommateurs d’acheter à un prix juste des produits d’alimentation de qualité.
Mobiliser l’épargne locale
Le MIRAMAP était plus spécifiquement intéressé par un autre aspect de l’économie de proximité : la mobilisation de l’épargne citoyenne pour financer des projets locaux.
Les nombreuses initiatives de circuits courts de financement solidaire qui émergent dans le sillon des AMAP démontrent l’importance de la mobilisation citoyenne, de la création de liens entre emprunteurs et épargnants.
Un atelier était consacré à la thématique des finances participatives. Léo Miranda a présenté le dispositif « Prêt de chez moi » de la Nef, un exemple concret de financement participatif. Nicolas Dupuy, chargé de mission au CDDRA Pays Ardèche Méridionale, a ensuite évoqué le fonds de collecte pour les projets d’activités autour de la Grotte Chauvet. Un temps de travail en sous-groupes a permis d’échanger et de débattre, les participants semblant s’accorder sur le fait qu’au-delà de la proximité géographique, une proximité de valeurs est nécessaire.
La diffusion à l’échelle régionale de cette approche et de ces outils méthodologiques peut constituer un pas en avant pour envisager un autre regard sur le développement économique local et notamment sur l’agriculture. Toutefois, pour passer du concept à l’action, il est nécessaire de prendre en considération les problématiques de financement propre au secteur agricole. La mobilisation de l’épargne locale, dans une démarche solidaire, est un levier fort au service de l’agriculture paysanne.