Le 26 octobre 2018, plus d’une quinzaine d’amapien·ne·s, paysan·ne·s en AMAP et animateurs et animatrices de réseaux d’AMAP se sont retrouvé·e·s le temps d’une journée pluvieuse pour malaxer ce vaste sujet et ses controverses.
Plusieurs grandes questions ont animé les échanges : dans quelle mesure le numérique peut-il alimenter notre dynamique de mouvement ? et comment transposer l’éthique de la charte des AMAP dans nos pratiques collectives et notre rapport au numérique ? Le tout en étant pragmatique mais sans pour autant tomber dans une compromission ou à l’inverse être dogmatique … Comment construire une culture commune sur les enjeux du numériques et les alternatives aux géants du web (GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft) ? Comment inviter à davantage s’interroger sur ses besoins et questionner le numérique avant de choisir une solution numérique ?
Une journée n’a pas permis de faire tout le tour de toutes ces questions. Pour autant nous avons posé sur la table de notre cuisine collective de nombreux ingrédients, en nous interrogeant sur le rôle et les limites des outils numériques.
Voici quelques idées pour une bonne recette !
Réflexions et principes d’actions à partager plus largement : ‘éthique et pratiques du numérique dans le mouvement des AMAP’
- S’émanciper de la pression du ’tout numérique’ en s’interrogeant sur nos besoins, mais en tenant compte aussi des enjeux des évolutions numériques
Le numérique peut être un levier pour faire mouvement : pour communiquer (clarifier, fluidifier, faire poids, améliorer et susciter des échanges physiques, conscientiser) et pour animer (mobiliser, mutualiser, partager, créer des rencontres). Pour autant le numérique est un outil ; il ne doit pas empêcher la rencontre. Le numérique ne peut pas répond à tous les besoins.
Prendre le temps de s’interroger sur nos besoins en vue de l’utilisation du numérique. Penser autant aux ‘ultra-connecté·e·s’ qu’à celles et ceux qui ne l’utilisent pas ou peu.
- Protection des libertés et des droits individuels
Le règlement général sur la protection des données (RGPD) est un socle commun européen de droits et devoirs applicables aux traitements visant les données à caractère personnel, sur internet, mais pas seulement. L’appliquer dans nos associations n’est pas seulement une procédure administrative–qui peut être vécue comme contraignante-, c’est avant tout contribuer à la défense des libertés et droits individuels.
- Soutenir les alternatives aux GAFAM : logiciels libres/open source/droits d’auteurs
En AMAP, on creuse les alternatives agricoles et alimentaires, on porte un autre modèle de société, on cherche des solutions pour soutenir les petites fermes. C’est donc assez logique de défendre les logiciels libres et de s’associer à des organisations du numérique qui portent un autre modèle de société.
Le logiciel libre prône la transparence, la solidarité, le partage des connaissances, la liberté et la diffusion de l’information. Autant de valeurs partagées dans les AMAP.
Les licences Creative Commons constituent un ensemble de licences régissant les conditions de réutilisation et de distribution d’œuvres (notamment d’œuvres multimédias diffusées sur Internet). En développant des droits plus souples de propriété intellectuelle et plus adaptées à nos travaux collectifs, elles garantissent à la fois la protection des droits d’auteurs et la libre circulation de contenus intellectuels. Elles peuvent permettre aux auteurs du mouvement des AMAP de contribuer ainsi plus activement à un ‘patrimoine d’œuvres ‘ accessibles à toutes et tous.
- Construire progressivement une culture commune
S’il est facile de s’insurger contre les GAFAM, transformer nos usages numériques pour qu’ils s’inscrivent pleinement dans le modèle de société que l’on défend est un défi collectif pour gagner en autonomie.
Construire dans le mouvement des AMAP une base de connaissances minimum sur les droits d’auteurs (licences, conditions d’utilisation…) demande du temps et de s’appuyer plus fortement sur des partenaires compétents ; ce sont des sujets autant techniques que politiques.
S’engager dans un tel processus demande un effort collectif. C’est aussi faire preuve de patience (notamment pour que le libre arrive à autant de performance que les logiciels ’propriétaires’), expérimenter, et ne pas être dogmatique, au sens où il y a peut-être à accepter de faire certains compromis mais en connaissance de cause, le temps que le libre puisse mieux répondre à nos besoins…
Les propositions pour la suite des travaux :
Poursuivre nos mutualisations et les travaux collectifs, pour nourrir une culture commune sur les droits d’auteurs ; définir les conditions juridiques de notre partage de connaissances, ressources et technologies ; adopter collectivement des principes d’actions par rapport aux GAFAM, intégrer les réflexions numériques dans nos travaux sur les orientations stratégiques…
Les participants ont proposé la création à court termes de 2 groupes de travail : ‘mise en place du RGPG’ et ‘création d’un guide de questionnement à l’identification des besoins en vue de l’utilisation du numérique en AMAP, en réseaux ou sur les fermes’.
Des ressources pour aller plus loin
-la bibliographie réalisée dans le cadre de la préparation de cette journée
-le compte rendu complet de la journée