Agir pour une agriculture alternative
mouvement interregional des Amap
Accueil » Finances solidaires » Outils de financement solidaire » Prêts » Le microcrédit, un outil adapté aux installations progressives

Le microcrédit, un outil adapté aux installations progressives

Alors que le système de financement de l’agriculture a tendance à inciter les paysan-ne-s à investir et à s’endetter outre-mesure, le microcrédit apparaît comme un outil adéquat dans de nombreuses situations, notamment au moment de l’installation.

Le microcrédit consiste à accorder des prêts de faibles montants à des personnes exclues du système bancaire traditionnel. Ce procédé s’est beaucoup développé dans les pays du Sud à l’image de la Grameen Bank au Bangladesh, qui a valu à son fondateur le prix Nobel de la paix en 2006.

En France l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie) voit le jour en 1989. Reconnue d’utilité publique, elle finance et accompagne des entrepreneurs, au chômage ou en situation de précarité, qui n’ont pas accès au crédit bancaire.
Le montant des prêts proposés par l’Adie peut aller jusqu’à 10 000 euros, à investir pour le lancement ou le développement d’une micro-entreprise. Les taux d’intérêt (fixes) sont de 8,13% pour les prêts inférieurs à 6 000 euros et de 6,13% pour les prêts supérieurs à 6 000 euros. La durée de remboursement peut s’étaler jusqu’à 48 mois. L’Adie demande par ailleurs aux entrepreneurs de présenter une personne de leur entourage qui se portera caution du prêt à hauteur de 50%.

Rompre avec la logique de l’endettement

Le monde rural, bien que subissant une forte précarité, n’a jusqu’à présent que peu bénéficié du développement du microcrédit. La lourdeur des investissements est souvent invoquée pour expliquer cette difficulté.
En effet, les pouvoirs publics et les organismes de crédit soutiennent une agriculture fortement capitalistique et engagent dès l’installation les paysans dans l’engrenage de l’endettement.
L’agriculture paysanne entend rompre avec cette logique avilissante ! Elle permet de maintenir des fermes à taille humaine et d’installer de nouveaux paysans. L’autonomie des paysans est un enjeu majeur et repose notamment sur la maîtrise du niveau d’endettement. Dans cette perspective, le microcrédit apparaît comme un outil pertinent.

Le microcrédit ouvre notamment la voie à une installation progressive pour ensuite, si nécessaire, faire appel à des sources de financement plus classiques. C’est le cas d’Emmanuel, maraîcher en AMAP à Aubenas, qui a démarré son activité avec 10 000 euros emprunté à l’Adie, avant d’obtenir la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA).
En s’installant progressivement, le nouvel installé peut prendre le temps d’acquérir de l’expérience, d’améliorer sa maîtrise technique, de développer ses débouchés et en fin de compte de réduire l’incertitude autour de son projet.

D’autres investisseurs solidaires proposent des microcrédits. Le réseau France Active finance par exemple la création d’entreprise dans le cadre du dispositif d’État NACRE (Nouvel Accompagnement pour la Création et la Reprise d’Entreprise). Il s’agit de prêt à taux zéro de 1 000 à 10 000 euros sans caution sur l’emprunteur. Le dispositif NACRE s’adresse aux personnes sans emploi ou rencontrant des difficultés d’insertion durable dans l’emploi.