A l’occasion de la première journée des assises régionales de l’installation en Rhône-Alpes auxquelles a participé le MIRAMAP (cf. article), le représentant de la DRAAF dressait le constat suivant : « les profils des porteurs de projet divergent de plus en plus ».
Cette diversité des nouveaux candidats à l’installation, leur profil « atypique », désarçonnent les acteurs traditionnels du financement de l’agriculture. Les établissements de crédit, arrimés à un type d’installation basé sur des investissements initiaux lourds et des critères technico-économiques classiques, manquent de références pour analyser les projets innovants.
Dès lors, l’accès au crédit bancaire apparaît comme un obstacle à l’installation pour bon nombre de candidats. Concernant plus particulièrement les circuits courts, le manque de connaissance et de visibilité engendrent une surévaluation du risque et conduit les banques à multiplier les demandes de garanties (cautions personnelles, hypothèques...).
Le risque repose alors presque intégralement sur le porteur de projet. C’est ce qu’exprime René, installé en maraîchage diversifié à Ponteilla (Pyrénées-Orientales) : « Ils voulaient tout hypothéquer, même des terres dont j’étais déjà propriétaire. »
Des Régions à l’initiative
Partageant ce constat, les Régions Rhône-Alpes, Aquitaine, Lorraine ou d’autres encore ont mis sur pied des fonds de garantie pour l’installation en agriculture. Leur fonction est de faciliter l’accès au crédit bancaire et de limiter le recours aux cautions personnelles en répartissant le risque.
Mais pour soutenir efficacement les installations, puis le maintien et le développement des fermes, ces fonds de garantie doivent prendre en compte les spécificités du secteur agricole et la diversité des futur-e-s installé-e-s. Pour ce faire, les Régions Midi-Pyrénées et Languedoc Roussillon ont pris une voie innovante et se sont appuyées sur des acteurs de l’économie sociale et solidaire ayant une expérience dans le domaine agricole : les fonds territoriaux France Active.
Le rôle des acteurs de l’économie sociale et solidaire
France Active est un investisseur solidaire qui travaille avec les porteurs de projet exclus du système bancaire traditionnel (précaires, demandeurs d’emplois…). En Languedoc-Roussillon, le fonds territorial France Active (l’AIRDIE) s’est ouvert au monde agricole dès 1997 en expérimentant un crédit à l’initiative agri-rurale. Il est précurseur en la matière. Même si le fonds de garantie de l’AIRDIE n’est pas spécifique aux projets en agriculture, l’expérience acquise permet un réel accompagnement financier.
De son côté, Midi-Pyrénées Active gère un fonds de garantie doté par la Région et le fonds de cohésion social. Ce dispositif de garantie s’adresse aux porteurs de projets agricoles en situation de demandeurs d’emplois ou de précarité au moment de leur installation, ainsi qu’aux femmes dirigeantes en droit et en fait de leur ferme. Une attention particulière est portée aux projets à forte valeur ajoutée (notamment en vente directe) ou en zone de montagne. Ce fonds dédié aux projets agricoles permet de garantir des prêts pour le besoin en fonds de roulement, stock et cheptel. La durée de garantie a été allongée de cinq à sept ans pour être mieux adaptée aux réalités agricoles.
Ces deux expériences nous montrent une voie originale, alliant la volonté des collectivités territoriales à l’expertise des acteurs de la finance solidaire. Les fonds de garantie régionaux deviennent ainsi de véritables leviers pour l’installation de nouveaux paysan-ne-s.