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Les politiques agricoles perpétuent un modèle qui nous mène dans le mur !

Un article pour faire le point en cette fin d’année mouvementée.

Pour se (re)mettre en tête le point de vue depuis lequel nous observons et participons à la vie agricole et nourricière, ici et ailleurs, toujours de façon globale et sur le terrain, l’idéal est certainement de se référer au préambule de la Charte des AMAP.
Extraits choisis : "prise de conscience citoyenne face à la situation de crise importante dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation", "déperdition des agricultures paysannes au profit d’agricultures productivistes, forte pression foncière sur les terres agricoles, hégémonie de la grande distribution et inégalité alimentaire ici et ailleurs". Voilà qui nous aura incité à "construire et expérimenter un autre modèle". Il s’agit bien d’aller vers un autre rapport à l’agriculture et à l’alimentation via des valeurs de partage et de nouvelles solidarités (http://miramap.org/IMG/pdf/charte_des_amap_mars_2014-2.pdf, Préambule - 1ère page).

Partant de là, nous doutons de la pertinence de la trajectoire politique poursuivie  : loi EGalim et le plan de relance n’apportent pas les réponses de transformation en profondeur qu’il serait nécessaire d’avoir... Ceci dit, comme certaines web-rencontres du moment permettent de le voir, des ouvertures initiées par de nombreux acteurs de terrain offrent heureusement plus de perspectives. C’est le cas du forum Alimentation et Territoires, axé cette année sur la résilience des systèmes alimentaires, qui s’est tenu en ligne fin novembre. Petit retour sur l’actualité bien fournie en cette fin 2020.

Prenons acte de l’échec de la loi EGalim : 2 ans après les États Généraux de l’Alimentation

Deux ans après l’adoption de la loi EGalim, un collectif de 28 syndicats et associations, dont le MIRAMAP, publie un bilan dont le constat d’échec est sans appel : la quasi-totalité des indicateurs est au rouge et des reculs sont à noter. Presque aucune des ambitions et bonnes intentions déclarées en grande pompe n’ont été suivies d’effet. Cette note d’analyse dresse le bilan des États Généraux de l’Alimentation ainsi que de la loi EGalim, et prend acte de leur enterrement ! Avec lui, ce sont aussi les principales ambitions du quinquennat pour la transition sociale et écologique du système agroalimentaire qui sont à la dérive.

Comme le précise le communiqué de presse du 3 novembre 2020 :

[...] Il y a un an, les organisations du collectif alertaient déjà sur le manque de volonté et de moyens pour assurer la mise en œuvre d’une loi EGalim déjà peu ambitieuse. Là où elles attendaient des amorces de transition, elles constatent au mieux des statuts quo, au pire de nouveaux reculs comme sur les néonicotinoïdes. Là où les réformes engagées devaient permettre de revaloriser le revenu des paysans, celui-ci continue à se dégrader au profit de l’agro-industrie. Là où des objectifs intéressants étaient fixés pour la restauration collective, ils paraissent aujourd’hui hors d’atteinte tant les collectivités sont laissées livrées à elles-mêmes.
Or la dégradation du contexte social et environnemental se poursuit : la consommation de pesticides ne recule pas, le nombre de paysan·ne·s diminue, la biodiversité continue de s’effondrer, l’insécurité alimentaire explose en France et partout dans le monde… [...]

D’autres leviers auraient permis de corriger le tir : projet de loi de finances, projet de loi de financement de la sécurité sociale, plan de relance, mise en œuvre de la Convention citoyenne pour le climat… Mais tout indique, à ce stade, que le gouvernement confortera l’immobilisme qui prévaut depuis le discours de Rungis. La position de la France dans le cadre de la réforme de la PAC et notamment le Plan Stratégique National reste un des derniers leviers de ce quinquennat pour agir en faveur d’une transition agroécologique [à ce sujet, voir l’article sur la PAC]. Et le plan de relance français dans son volet agricole ne doit pas, lui, aller à son encontre.

Les organisations vont donc maintenir la pression, le MIRAMAP aussi.

Voir aussi le bilan des États Généraux de l’Alimentation, 20 pages de décryptage.

Le ’Plan de relance pour une refondation économique, sociale et écologique du pays’, quant à lui, soutient-il l’Agriculture Paysanne ?

Dans ce contexte et celui de la pandémie, quelles aides le plan de relance impulsé par le gouvernement apportera-t-il face aux problèmes structurels du système alimentaire ? Quelques interrogations sont également pointées au regard du Projet de Loi de Finance 2021.
D’après les communiqués de presse de la Confédération Paysanne, le compte n’y est pas encore notamment sur certaines mesures :

  • Le label HVE (Haute Valeur Environnementale) n’est pas un gage de transition agroécologique ;
  • Les aides pour les agroéquipements optimisant les intrants sont inaccessibles aux petites fermes. Et de toute façon elles sont liées à une politique d’investissements inadaptée à la transition des systèmes, sans effets bénéfiques sur l’installation paysanne et le renouvellement massif nécessaire des générations agricoles...
  • Plan protéines végétales : pas d’autonomie sans désindustrialisation des pratiques d’élevage !

A zieuter pour approfondir tout ça :

Évelyne, François et Magali (décembre 2020)