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Regards croisés sur l’utilisation des logiciels libres pour les AMAP

A l’heure où se sont multipliées les rencontres entre acteurs des logiciels libres et de l’économie sociale et solidaire – partageant de nombreuses valeurs communes « la libre circulation de l’information, le partage, la militance ou encore l’éducation populaire » , qu’en est-il dans les AMAP aujourd’hui ?

Regards croisés sur la question de Juan Vilar, de l’AMAP de Moulin Redon, qui a expérimenté pendant 1 an, le logiciel libre de gestion ’AMAP J’ et de Damien Hostal, coordinateur du Réseau des AMAP de Rhône-Alpes et travaillant sur un chantier de développement d’un logiciel, nommé ’AMAP K’, projet en partenariat avec Alliance Isère.

‘Les nouvelles technologies dans le mouvement des AMAP : pour qui et pourquoi (pour quoi) ?, c’était l’intitulé d’un atelier proposé par le Miramap, en février 2015, lors du week-end interrégional à Avignon.

Au-delà des outils de communication que sont les sites Internet et blogs des AMAP et réseaux d’AMAP, indispensables pour donner une visibilité aux AMAP, informer et partager les expériences, les participants ont échangé sur l’importance de trouver des outils facilitateurs de gestion des AMAP ou encore permettant de renforcer les collaborations entre amapiens et paysans, entre AMAP et entre AMAP et les réseaux d’AMAP.

A l’heure où se sont multipliées les rencontres entre acteurs des logiciels libres et de l’économie sociale et solidaire – partageant de nombreuses valeurs communes ’la libre circulation de l’information, le partage, la militance ou encore l’éducation populaire" [1] , qu’en est-il dans les AMAP aujourd’hui ?

Lors de la préparation de cet article, nous avons identifié plusieurs logiciels alternatifs pour la gestion des AMAP, à savoir AmapJ, Cagette.net et AirLab. Pour engager les réflexions sur la question, sans pour autant avoir l’ambition d’en faire le tour, nous proposons de croiser les regards de 2 membres de réseaux d’AMAP investis dans la diffusion de logiciels pour la gestion des AMAP.

Juan Vilar, de l’AMAP de Moulin Redon, a expérimenté pendant 1 an, le logiciel AmapJ et l’a présenté à de nombreuses AMAP de Provence lors d’une rencontre en janvier à Aubagne.

Damien Hostal est coordinateur du Réseau des AMAP Auvergne Rhône-Alpes et travaille à un chantier de développement d’un logiciel, nommé AmapK, en partenariat avec Alliance Isère.

Tous 2 ont bien voulu répondre à nos questions, partageant leurs expériences, leurs opinions et leurs projets.

Propos recueillis par Magali Jacques, animatrice au Miramap

Quels sont les besoins des AMAP en termes de gestion courante ?

Nous le savons tous, les besoins de gestion des AMAP sont multiples ! Juan et Damien nous les rappellent ici.

Pour Juan, il y a : La gestion des contrats par les référents, la gestion des fichiers d’adhérents, la gestion des cotisations, la gestion des permanences, la trésorerie, la communication administrative avec les amapiens, la communication sur les livraisons avec les paysans, la gestion d’un site Internet ou d’un blog, la gestion des rédactions de la feuille de chou.

Damien précise qu’il y a aussi un besoin de facilitation de la transmission des fonctions bénévoles.

En quoi les nouvelles technologies peuvent y répondre ? Les nouvelles technologies sont-elles la solution à tous les besoins et difficultés des AMAP ?

Juan nous explique : A ma connaissance, la gestion administrative se fait très peu par papier mais essentiellement avec un tableur. La communication des infos administratives se fait très peu par courrier mais essentiellement par courriel.
Ces outils posent beaucoup de problèmes de mises à jour et de coordination. Les dropbox ou les clouds ne règlent pas tout. Pour moi, les outils en ligne, quand ils sont bien faits et adaptés répondent davantage aux besoins administratifs des AMAP (gestion décentralisée et collaborative).
En résumé, des outils comme AmapJ ne se substituent aux relations humaines. Ils remplacent avantageusement d’autres outils informatiques (tableurs et courriels) très performants dans beaucoup de domaines mais moins adaptés à la gestion administrative d’une AMAP.

Damien, quant-à lui réagit : Non, ce n’est pas un remède miracle, l’informatique ne doit pas remplacer le lien humain !
Il précise l’intérêt que peut apporter l’informatique pour les AMAP : Mais à partir du moment où dans la gestion de l’AMAP l’outil informatique est utilisé (pour les courriels, les comptes-rendus de réunion, tableaux des adhérents...), il devient beaucoup plus efficace d’organiser la gestion informatisée des données.
Cela passe par des outils (listes de diffusions, logiciel de gestion) qui transposent l’image numérique de ce qui se passe dans la vraie vie de l’AMAP.
Ces outils vont permettre non seulement de prendre en charge les tâches pénibles (calculs...), mais aussi donner à chaque utilisateur des "droits" particuliers dans la gestion.

Aujourd’hui, il existe une offre importante de logiciels de gestion de paniers, et vous avez organisé en PACA unerencontre autour d’un outil ‘AMAP J’ au sein du Réseau Les AMAP de Provence. Qu’est ce qu’il existe aujourd’hui ? Et pourquoi mettre l’accent sur AMAP J ? Est-ce l’outil miracle ?

Juan nous raconte : Personnellement, je cherche un outil adapté au fonctionnement des AMAP depuis plus de 10 ans et j’ai testé ceux dont j’ai eu connaissance.
A ce jour, le seul outil en ligne gratuit (que je connaisse) qui réponde aux attentes de notre AMAP est AmapJ mais je suis tout à fait curieux de voir d’autres solutions.
Six amapiens venus de 5 AMAP différentes étaient présents. Il est prévu d’organiser une autre réunion d’information à Marseille et une dans les Alpes Maritimes.

Pourquoi inviter les AMAP à utiliser des logiciels libres et pas les services proposés par des entreprises qui ont développé des outils qui semblent tout aussi adaptés ?

Juan nous donne son point de vue sur la question : A performances égales, je préfère choisir un logiciel libre. Les logiciels proposés par des entreprises que j’ai eu l’occasion de tester sont moins adaptés aux besoins de notre AMAP (et sont payants).
En guise de réponse, Damien nous renvoie une question : Pourquoi garder ses semences plutôt que de les racheter chaque année à Monsanto ?
Il poursuit : Il est préférable d’avoir un logiciel développé par les AMAP et pour les AMAP.
Le code libre permettra à n’importe qui de proposer de nouvelles fonctionnalités.
Les utilisateurs pourront héberger ces outils ou les faire héberger mais n’auront pas à payer une licence chaque année. Ils ne seront pas captifs.
Enfin, nous serons en mesure de protéger les données, ce qui n’est pas le cas avec les systèmes commerciaux.

Depuis l’année dernière en Rhône-Alpes, vous menez un travail autour du développement de logiciels au service des AMAP dont un projet nommé AmapK. Qu’est ce que c’est ou sera ? Quelle est la différence avec AmapJ ?

Damien apporte un éclairage sur le chantier en cours développé en partenariat entre Alliance Isère et le réseau AMAP Auvergne Rhône-Alpes :

AmapJ a été développé pour une AMAP drômoise par Emmanuel, un bénévole, rendons lui hommage ! AmapK est un outil de gestion des AMAP en réseau.

Il permet d’ajouter la couche réseau qui manque à AmapJ (qui par ailleurs est excellent !).
C’est à dire qu’il permet des échanges de données :
- entre AMAP/paysans adhérents au réseau
Les référents d’AMAP peuvent avoir les coordonnées des référents des autres AMAP, par exemple.
- entre le réseau et les AMAP/paysans/amapiens
par exemple : le réseau peut envoyer un courriel aux AMAP de tel bassin de vie, aux maraîchers de tel territoire.
L’AMAP peut envoyer facilement les coordonnées de livraison afin qu’elles soient diffusées sur la cartographie des AMAP de réseau.
AmapK optimise donc le partage d’informations au sein des réseaux.

Le principe est que ce sont les utilisateurs qui mettent (majoritairement) à jour leurs données. Ainsi les réseaux disposent de données de bonne qualité et peuvent agir efficacement.
Les AMAP et les réseaux partagent déjà de nombreuses données mais le mode de collecte, souvent en format papier, est chronophage, source d’erreurs, et les rend peu exploitables.

Il y a de plus un lien fort dans la philosophie d’AmapJ et AmapK : quand une personne très investie s’en va (bénévole AMAP ou salarié de réseau), il peut être fort difficile de reprendre son travail et quantité d’information est perdue. Pour cet aspect, ces outils apportent des solutions très efficaces.

L’autre différence entre AmapJ et K est dans le code : AmapJ est écrit en JAVA et AmapK sera en PHP.
JAVA est plus robuste, mais il sera très complexe de s’approprier le travail d’Emmanuel pour le prolonger. Les nouvelles fonctionnalités d’AmapJ dépendront du temps et de l’investissement d’Emmanuel. Il est également hors de portée du commun des amapiens de l’auto-héberger. AmapK mise sur une appropriation plus collective, un code plus standard avec une pérennité dans le temps au-delà des individus.

AmapK devrait voir le jour en 2016.
Demain, avec des réseaux équipés de tels outils, nous pourrions avoir (enfin) LA carte de France des AMAP, des statistiques nationales sur le nombre de producteurs en AMAP...
De plus il serait facile de relier cet outil avec une "ressourcerie" inter-régionale afin que les AMAP et paysans puissent accéder depuis AmapK aux outils mis à disposition par le MIRAMAP par exemple...

AmapK intégrera aussi une forme de réseau social avec une plate-forme : "Amapez-Vous", mais ça on vous en reparlera…

Que conseilleriez-vous à une AMAP qui souhaite mettre en place un logiciel de gestion ?

Pour Juan : en l’état actuel de mes connaissances, il est clair que je conseillerai d’aller jeter un coup d’œil sur le site d’AmapJ.
Nous vous donnons donc le lien : http://amapj.fr/

Damien invite aussi à essayer AmapJ, avec la proposition d’hébergement proposée par ce bénévole. Et il invite le lecteur à s’associer à leur projet : nous contacter et participer aux tests AmapK !

Merci Damien et Juan de vos réponses !

Faciliter la gestion quotidienne de l’AMAP, c’est possible grâce à aux logiciels libres qui correspondent le plus aux valeurs et idées défendues dans les AMAP.

Aujourd’hui, nous avons mis l’accent sur AmapJ qui est expérimenté par des AMAP en Rhône-Alpes et PACA avec satisfaction. Nous poursuivons nos investigations pour collecter des retours d’expériences de membres d’AMAP qui utilisent d’autres logiciels libres et surtout pour suivre les avancées du chantier AmapK dont les perspectives de ‘mise en réseau des AMAP’ sont porteuses pour l’avenir du mouvement des AMAP.

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